23/12/2006
le Tifinagh
les bijoux sont signés (ou portent le poinçon) de leur créateur en alphabet Tifinagh, utilisé pour retranscrire le tamasheq, langue des touareg, avec diverses variantes.
La langue berbère est peut-être la seule langue africaine qui fut et qui soit encore notée par un alphabet véritablement vernaculaire, les caractères libyco-berbères (de Libye nom donné par les anciens grecs à la bande côtière de la Méditerranée allant du Nil à l'Atlantique et aux terres désertiques la jouxtant). Ancêtre des tifinagh (tafinaq au singulier), cette écriture l'une des plus ancienne du monde est encore utilisée de nos jours chez les touareg.
Alphabet consonantique, de style géométrique et non cursif, il ignore les voyelles, ce qui en complique la lecture. La valeur de certaines consonnes peut varier en fonction des prononciations locales et certaines lettres être notées avec des signes de formes différentes, ou s’assembler pour créer une double consonne, à valeur biconsonantique.
On retrouve des vestiges de l'écriture libyco-berbère de la Tunisie au îles Canaries, en particulier par des épitaphes inscrites sur des monuments funéraires monumentaux, sur des stèles, et au Sahara accompagnant des gravures rupestres. La date attestée de son ancienneté est de 138 avant J.-C. Cependant les préhistoriens estiment que son origine est nettement plus ancienne et daterait environ du Vlème/VIlème siècle BC, où serait même antérieure à cette période, les spécialistes avancent des dates de 1200 à 1300 BC pour des inscriptions sahariennes. C’est environ au Vème siècle, soit à la fin de la domination romaine, qu’elle a cessée d’être utilisée en Afrique du Nord. Mais parfois l'on découvre encore certaines lettres, vidées de leur substance, devenues décoration sur des supports lents à mémoire tels que des poteries ou de la tapisserie.
Chez les touareg la mère apprend à son enfant, les différents caractères de l'alphabet tifinagh en les dessinant dans le sable du désert , support rapide sans mémoire. Terrain de jeu par excellence pour les petits et les grands, il permet d'en mémoriser les subtilités par le déchiffrage de devinettes, de petits poèmes.
Les tifinagh s’écrivent traditionnellement de bas en haut, mais le sens de la graphie peut varier en fonction de la place et du support. Les touareg les apposent principalement sur des objets artisanaux comme signature, petits textes et pour transcrire des courts messages.
Actuellement il y a réappropriation par les populations berbères du Maghreb des tifinagh (tifinak ou tifinar), en tant que revendication identitaire et culturelle. Par la création de signes vocaliques et des essais d’unification des caractères , de nombreuses tentatives sont faites pour en faciliter l’accessibilité et la diffusion.
Cette écriture multi-millénaire et fascinante, reste un large champ de recherches et d'études. En effet bien que les tifinagh notent des phonèmes, ils nous renvoient aussi à la naissance des premières écritures et aux symboles, qui les ont précédées. Le tafinaq représentant un homme debout, valeur z en français, rappelle concrètement ce processus, car chez les berbères il transcrit aussi le mot amagik en tamachek (Aïr), amazigh en tamazight (Kabylie), qui signifie l'être humain libre.
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